Résumé
Objectif
Fournir aux gynécologues canadiens des directives factuelles en matière de chirurgie esthétique génitale chez la femme, en réponse au nombre grandissant de demandes (et d'interventions) de chirurgie vaginale et vulvaire se situant bien au-delà des reconstructions traditionnellement indiquées sur le plan médical.
Résultats
La littérature publiée a été récupérée par l'intermédiaire de recherches menées dans PubMed ou MEDLINE, CINAHL et The Cochrane Library en 2011 et en 2012 au moyen d'un vocabulaire contrôlé et de mots clés appropriés (« female genital cosmetic surgery »). Les résultats ont été restreints aux analyses systématiques, aux essais comparatifs randomisés / essais cliniques comparatifs et aux études observationnelles. Aucune restriction n'a été appliquée en matière de date ou de langue. Les recherches ont été mises à jour de façon régulière et intégrées à la directive clinique jusqu'en mai 2012. La littérature grise (non publiée) a été identifiée par l'intermédiaire de recherches menées dans les sites Web d'organismes s'intéressant à l'évaluation des technologies dans le domaine de la santé et d'organismes connexes, dans des collections de directives cliniques, dans des registres d'essais cliniques et auprès de sociétés de spécialité médicale nationales et internationales.
Valeurs
La qualité des résultats est évaluée au moyen des critères décrits dans le rapport du Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs (
Tableau).
Recommandations
- 1.
Un des rôles importants des obstétriciens-gynécologues devrait consister à aider les femmes à comprendre leur anatomie et à en respecter les variantes qui leur sont propres. (III-A)
- 2.
Lorsqu'une femme demande la tenue d'interventions esthétiques vaginales, une anamnèse médicale, sexuelle et gynécologique exhaustive devrait être obtenue et l'absence de tout dysfonctionnement sexuel ou psychologique majeur devrait être établie. La présence possible de coercition ou d'exploitation devrait également être écartée. (III-B)
- 3.
Le counseling devrait constituer une priorité dans le cas des femmes qui demandent la tenue d'une chirurgie esthétique génitale. Les sujets abordés dans le cadre du counseling devraient comprendre les variations normales et les modifications physiologiques qui se manifestent au cours de la vie, ainsi que la possibilité de connaître des conséquences imprévues à la suite de la tenue d'une chirurgie esthétique visant les organes génitaux. Le manque de données en ce qui concerne les issues de la chirurgie et les effets des modifications subséquentes attribuables à la grossesse ou à la ménopause devrait également faire l'objet de discussions et être considéré comme faisant partie du processus de consentement éclairé. (III-L)
- 4.
Peu de données soutiennent l'amélioration de la satisfaction sexuelle ou de l'image de soi qui serait attribuable aux interventions de chirurgie esthétique génitale chez la femme. Les médecins qui choisissent de procéder à de telles interventions esthétiques ne devraient pas en faire la promotion à des fins d'amélioration de la fonction sexuelle; de surcroît, le recours à la publicité pour promouvoir les interventions de chirurgie esthétique génitale chez la femme devrait être évité. (III-L)
- 5.
Les médecins qui reçoivent des demandes de chirurgie esthétique génitale de la part d'adolescentes doivent chercher à obtenir des compétences additionnelles en ce qui a trait à l'offre de services de counseling aux adolescentes. De telles interventions chirurgicales ne devraient pas être offertes avant l'atteinte de la pleine maturité physiologique (y compris la maturité génitale); le consentement parental n'est alors pas requis. (III-L)
- 6.
Les termes non médicaux (y compris, entre autres, le rajeunissement vaginal, le resurfaçage clitoridien et l'augmentation du point G) devraient être reconnus comme n'étant que des termes de marketing, sans aucune origine médicale; ainsi, ils ne peuvent faire l'objet d'une évaluation scientifique. (III-L)
Comité de pratique clinique - gynécologie
Nicholas Leyland, MD (coprésident), North York (Ont.)
Wendy Wolfman, MD (coprésidente), Toronto (Ont.)
Catherine Allaire, MD, Vancouver (C.-B.)
Alaa Awadalla, MD, Winnipeg (Man.)
Carolyn Best, MD, Toronto (Ont.)
Sheila Dunn, MD, Toronto (Ont.)
Mark Heywood, MD, Vancouver (C.-B.)
Madeleine Lemyre, MD, Québec (Québec)
Violaine Marcoux, MD, Montréal (Québec)
Chantal Menard, inf. aut., Ottawa (Ont.)
Frank Potestio, MD, Thunder Bay (Ont.)
David Rittenberg, MD, Halifax (N.-É.)
Sukhbir Singh, MD, FRCSC, Ottawa (Ont.)
Comité d’éthique
Jodi Shapiro, MD (présidente), Toronto (Ont.)
Saima Akhtar, MD, London (Ont.)
Bruno Camire, MD, Québec (Québec)
Jan Christilaw, MD, Vancouver (C.-B.)
Julie Corey, s.-f. aut., St Jacobs (Ont.)
Erin Nelson, BScPT, LLB, LLM, JSD, Edmonton (Alb.)
Marianne Pierce, MD, Halifax (N.-É.)
Deborah Robertson, MD, Toronto (Ont.)
Anne Simmonds, inf. aut., Scotsburn (N.-É.)
Introduction
Ce document fait état des percées récentes et des progrès cliniques et scientifiques à la date de sa publication et peut faire l’objet de modifications. Il ne faut pas interpréter l’information qui y figure comme l’imposition d’un mode de traitement exclusif à suivre. Un établissement hospitalier est libre de dicter des modifications à apporter à ces opinions. En l’occurrence, il faut qu’il y ait documentation à l’appui de cet établissement. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite sans une permission écrite de l'éditeur.
Au cours des dernières années, le nombre d'interventions de chirurgie esthétique génitale offertes aux femmes a connu une hausse. La présente déclaration de principe a pour but de fournir aux gynécologues canadiens des directives factuelles en ce qui concerne les chirurgies esthétiques vaginales et vulvaires se situant bien au-delà des reconstructions traditionnellement indiquées sur le plan médical .
Tabled
1Critères d’évaluation des résultats et de classification des recommandations, fondés sur ceux du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Diverses interventions ont été proposées pour améliorer l'apparence ou le rendement des organes génitaux, y compris la labioplastie des petites et des grandes lèvres, la diminution de la taille du capuchon du clitoris, la périnéoplastie, la vaginoplastie, l'hyménoplastie et l'augmentation du point G
1- Committee on Gynecologic Practice, American College of Obstetricians and Gynecologists
ACOG Committee Opinion No.378. Vaginal “rejuvenation” and cosmetic vaginal procedures.
, 2- Royal Australian and New Zealand College of Obstetricians and Gynaecologists
C-Gyn 24. Vaginal 'rejuvenation' and cosmetic vaginal procedures.
, 3- American College of Obstetricians and Gynecologists
The role of the obstetrician gynecologist in cosmetic procedures. procedures [ACOG policy statement].
, 4- Royal College of Obstetricians and Gynaecologists
Hymenoplasty and labial surgery. RCOG Statement No. 6. July 2009.
, 5Female genital cosmetic and plastic surgery: a review.
. Ces interventions peuvent être menées seules ou en combinaison; par exemple, la combinaison vaginoplastie- périnéoplastie en est venue à être connue sous le nom de « rajeunissement vaginal »
1- Committee on Gynecologic Practice, American College of Obstetricians and Gynecologists
ACOG Committee Opinion No.378. Vaginal “rejuvenation” and cosmetic vaginal procedures.
, 2- Royal Australian and New Zealand College of Obstetricians and Gynaecologists
C-Gyn 24. Vaginal 'rejuvenation' and cosmetic vaginal procedures.
, 3- American College of Obstetricians and Gynecologists
The role of the obstetrician gynecologist in cosmetic procedures. procedures [ACOG policy statement].
, 4- Royal College of Obstetricians and Gynaecologists
Hymenoplasty and labial surgery. RCOG Statement No. 6. July 2009.
, 5Female genital cosmetic and plastic surgery: a review.
.
Un ensemble déroutant de termes et d'attentes est associé à ces nombreuses interventions de CEGF; ces interventions prétendent toutes pouvoir améliorer l'apparence et/ou le fonctionnement des organes génitaux d'une femme ou son niveau de satisfaction sexuelle. Peu de données sont actuellement disponibles en ce qui concerne l'innocuité et l'efficacité des interventions de CEGF, la plupart desquelles ne disposant pas de définitions clairement acceptées ou uniformes. Une analyse exhaustive menée par Braun explore avec sensibilité tous les aspects de ce sujet
6Female genital cosmetic surgery: a critical review of current knowledge and contemporary debates.
. Certains ont fait valoir que ces interventions chirurgicales pourraient s'avérer inappropriées et compliquées par des questions d'autonomie et d'éthique. La chirurgie est de plus en plus considérée comme une intervention qui vise à améliorer la qualité de vie d'une personne, et non plus simplement comme une intervention salvatrice. Nous n'avons alors d'autre choix que de chercher à mettre en balance les souhaits de la patiente en matière de chirurgie et l'exigence hippocratique voulant que l'on s'abstienne de tout mal. Nous devons également nous assurer que la CEGF n'enfreint pas les lois traitant de la mutilation génitale des femmes, laquelle fait l'objet de controverses et de débats à l'échelle internationale. Par conséquent, des sociétés professionnelles d'obstétriciens-gynécologues (y compris l'ACOG, le
Royal College of Obstetricians and Gynaecologists, le
Royal Australian and New Zealand College of Obstetricians and Gynaecologists et la
Malaysian Society of Obstetricians and Gynaecologistè) émettent des recommandations et des politiques en vue de guider leurs membres et les femmes qui demandent à subir des telles chirurgies
1- Committee on Gynecologic Practice, American College of Obstetricians and Gynecologists
ACOG Committee Opinion No.378. Vaginal “rejuvenation” and cosmetic vaginal procedures.
, 2- Royal Australian and New Zealand College of Obstetricians and Gynaecologists
C-Gyn 24. Vaginal 'rejuvenation' and cosmetic vaginal procedures.
, 3- American College of Obstetricians and Gynecologists
The role of the obstetrician gynecologist in cosmetic procedures. procedures [ACOG policy statement].
, 4- Royal College of Obstetricians and Gynaecologists
Hymenoplasty and labial surgery. RCOG Statement No. 6. July 2009.
. Ces sociétés s'entendent toutes pour affirmer que toute intervention de CEGF ne s'avérant pas indiquée sur le plan médical ne dispose pas des données requises en matière d'innocuité et d'efficacité, en plus de présenter de nombreux défis à surmonter.
Anatomie et fonction de la vulve et du vagin
Les variantes anatomiques normales des organes génitaux féminins s'inscrivent dans un vaste continuum. Un des rôles importants des professionnels de la santé des femmes devrait consister à aider les femmes à comprendre leur anatomie et à en respecter les variantes qui leur sont propres. En particulier, le développement pubertaire des organes génitaux externes englobe des modifications dynamiques de l'apparence et de la proéminence relative des grandes et des petites lèvres avant l'atteinte de la maturité. Les lèvres continuent de se remodeler pendant les grossesses et peuvent à nouveau connaître des modifications importantes pendant la ménopause.
Parmi ces modifications connues pendant la ménopause, on peut trouver la résorption partielle des petites lèvres, accompagnée de la perte d'élasticité des tissus que cela implique. Un amincissement et une sténose peuvent accompagner une modification atrophique; la douleur ou la difficulté de connaître des relations sexuelles avec pénétration constitue une préoccupation courante. Nous ne disposons d'aucune donnée sur le suivi des issues tout au long de ces transitions de la vie.
La fonction sexuelle est complexe et associée à de nombreux facteurs autres que l'anatomie. Dans le cadre de la réaction sexuelle normale de la femme, le vagin doit être en mesure de se dilater et de « se gonfler ». Cette capacité peut être indésirablement affectée par des processus physiologiques (comme la ménopause) et des causes iatrogènes (comme les traitements anticancéreux, la radiothérapie et la chirurgie). L'urètre, la vessie et les intestins côtoient étroitement le vagin; ainsi, la chirurgie visant le vagin s'accompagne de risques inhérents de nuire à ces importantes structures.
Indications médicales concernant les réparations vulvaires et vaginales
Une correction chirurgicale s'avère indiquée sur le plan médical en présence d'un prolapsus pelvien, de déchirures périnéales au moment de l'accouchement, de malformations congénitales ou de tumeurs; dans de tels cas, les gynécologues sont souvent les chirurgiens les plus à même de prendre en charge le problème en question. En présence de variations anatomiques considérables, la tenue d'une reconstruction chirurgicale pourrait également s'avérer indiquée sur le plan médical. Ces chirurgies s'accompagnent de risques qui pourraient être éclipsés par les avantages potentiels qu'elles offrent; ainsi, la patiente devrait être avisée de la nature de l'intervention, de ses risques et des résultats attendus. Les chirurgies génitales visant le changement de sexe ou la réparation d'anomalies manifestes ne sont pas considérées comme étant des chirurgies esthétiques et ne sont pas abordées dans le cadre de la présente déclaration de principe.
Demandes d'interventions esthétiques vulvo-vaginales
Comme pour toute autre consultation chirurgicale, les services de counseling traitant de la CEGF forment une partie essentielle du processus et les motivations de la patiente à l'égard du traitement devraient y faire l'objet d'une exploration rigoureuse. La présence possible de coercition ou d'exploitation, ou encore d'une demande de chirurgie sur l'ordre d'un partenaire ou d'un parent, devrait être écartée. Une anamnèse médicale, sexuelle et gynécologique exhaustive devrait être obtenue et l'absence de tout dysfonctionnement sexuel ou psychologique majeur devrait être établie. En présence de toute préoccupation d'ordre psychologique, le counseling devrait comprendre une orientation appropriée vers des services d'évaluation avant même que l'on envisage la tenue d'une chirurgie esthétique génitale.
Peu de données soutiennent l'amélioration de la satisfaction sexuelle ou de l'image de soi qui serait attribuable à la chirurgie esthétique de « rajeunissement » du vagin ou de la vulve. Les données issues des études menées jusqu'ici au sujet de la labioplastie sont toutes de niveau III ou encore anecdotiques. Les études traitant de l'« augmentation du point G » ne sont qu'anecdotiques
7- Liao L.-M.
- Michala L.
- Creighton S.
Labial surgery for well women: a review of the literature.
, 8Cosmetic gynecology in the view of evidence-based medicine and ACOG recommendations: a review.
. Récemment, deux publications n'ayant pas été soumises à l'examen collégial se sont penchées sur l'utilisation d'interventions au laser pour la prise en charge du « syndrome de relâchement vaginal » (y compris l'incontinence à l'effort). Ni l'un ni l'autre de ces documents n'offrent des données robustes; ils suscitent plutôt de nombreuses préoccupations à l'égard des effets à plus long terme de ces interventions. Des 21 patientes ayant participé à l'étude pilote menée par Gaviria et Lanz, huit étaient nullipares et 19 étaient préménopausées; le suivi était limité à trois mois
9- Gaviria P.
- Jorge E.
- Lanz L.
- Jose A.
Laser vaginal tightening (LVT) — evaluation of a novel non-invasive treatment for vaginal relaxation syndrome.
. L'étude de faible envergure menée par Fistonic et coll. n'a pu affirmer avoir constaté une hausse de la contraction musculaire que chez six des 39 patientes suivies à six mois
10- Fistonic I.
- Findri-Gustek S.
- Fistonic N.
Minimally invasive laser procedure for early stages of stress urinary incontinence (SUI).
. Une étude publiée, qui s'est penchée sur la colpo-périnéorraphie et qui a inclus des résultats de niveau II-3 issus de femmes ayant décidé de subir une chirurgie après avoir obtenu des services de counseling appropriés, a signalé un taux de satisfaction très élevé à six mois à la suite de l'opération
11- Pardo J.S.
- Solà V.D.
- Ricci P.A.
- Guiloff E.F.
- Freundlich O.K.
Colpoperineoplasty in women with a sensation of a wide vagina.
. Les médecins qui choisissent de procéder à de telles interventions esthétiques ne devraient pas en faire la promotion à des fins d'amélioration de la fonction sexuelle.
Les femmes qui envisagent d'avoir recours à ces chirurgies devraient être avisées des risques qui leur sont associés, dont les saignements, l'infection, la cicatrisation, la dyspareunie, l'altération des sensations, la douleur, la déhiscence de plaie, la baisse du plaisir sexuel et l'insatisfaction possible envers les résultats esthétiques ou autres
10- Fistonic I.
- Findri-Gustek S.
- Fistonic N.
Minimally invasive laser procedure for early stages of stress urinary incontinence (SUI).
. Nous ne disposons d'aucune donnée sur l'innocuité ou l'efficacité à long terme de ces interventions
7- Liao L.-M.
- Michala L.
- Creighton S.
Labial surgery for well women: a review of the literature.
, 8Cosmetic gynecology in the view of evidence-based medicine and ACOG recommendations: a review.
, 9- Gaviria P.
- Jorge E.
- Lanz L.
- Jose A.
Laser vaginal tightening (LVT) — evaluation of a novel non-invasive treatment for vaginal relaxation syndrome.
, 10- Fistonic I.
- Findri-Gustek S.
- Fistonic N.
Minimally invasive laser procedure for early stages of stress urinary incontinence (SUI).
, 12Labiaplasty of the labia minora: patients's indications for pursuing surgery.
, 13- Marchitelli C.E.
- Sluga M.C.
- Perrotta M.
- Testa R.
Initial experience in a vulvovaginal aesthetic surgery unit within a general gynecology department.
, 14- Mirzabeigi M.N.
- Moore Jr., J.H.
- Mericli A.F.
- Bucciarelli P.
- Jandali S.
- Valerio I.L.
- et al.
Current trends in vaginal labioplasty. a survey of plastic surgeons.
. De surcroît, nous ne disposons à l'heure actuelle d'aucune donnée quant aux effets des modifications physiologiques associées à la grossesse, à l'accouchement ou à la ménopause sur les issues postopératoires des chirurgies esthétiques périnéales ou vaginales.
De nombreuses femmes se satisferont des renseignements et du réconfort offerts par leur fournisseur de soins et pourraient décider de ne pas subir une telle chirurgie.
Les médecins qui choisissent de procéder à des interventions esthétiques visant le vagin et la vulve devraient avoir bénéficié d'une formation adéquate quant aux aspects chirurgicaux gynécologiques et/ou plastiques de la chirurgie esthétique visant les voies génitales inférieures. Il ne s'agit pas là d'un ensemble de compétences actuellement exigé par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada aux fins de l'agrément des programmes de formation de niveau supérieur en obstétrique-gynécologie.
Recommandations- 2.
Lorsqu'une femme demande la tenue d'interventions esthétiques vaginales, une anamnèse médicale, sexuelle et gynécologique exhaustive devrait être obtenue et l'absence de tout dysfonctionnement sexuel ou psychologique majeur devrait être établie. La présence possible de coercition ou d'exploitation devrait également être écartée. (III-B)
- 3.
Le counseling devrait constituer une priorité dans le cas des femmes qui demandent la tenue d'une chirurgie esthétique génitale. Les sujets abordés dans le cadre du counseling devraient comprendre les variations normales et les modifications physiologiques qui se manifestent au cours de la vie, ainsi que la possibilité de connaître des conséquences imprévues à la suite de la tenue d'une chirurgie esthétique visant les organes génitaux. Le manque de données en ce qui concerne les issues de la chirurgie et les effets des modifications subséquentes attribuables à la grossesse ou à la ménopause devrait également faire l'objet de discussions et être considéré comme faisant partie du processus de consentement éclairé. (III-L)
- 4.
Peu de données soutiennent l'amélioration de la satisfaction sexuelle ou de l'image de soi qui serait attribuable aux interventions de chirurgie esthétique génitale chez la femme. Les médecins qui choisissent de procéder à de telles interventions esthétiques ne devraient pas en faire la promotion à des fins d'amélioration de la fonction sexuelle; de surcroît, le recours à la publicité pour promouvoir les interventions de chirurgie esthétique génitale chez la femme devrait être évité. (III-L)
Demandes d'interventions esthétiques vulvo-vaginales de la part d'adolescentes
Les femmes cherchent à obtenir des interventions esthétiques pour des raisons cosmétiques, fonctionnelles ou psychologiques
11- Pardo J.S.
- Solà V.D.
- Ricci P.A.
- Guiloff E.F.
- Freundlich O.K.
Colpoperineoplasty in women with a sensation of a wide vagina.
. Les filles et les adolescentes cherchent à obtenir une labioplastie en raison de différentes préoccupations. Les filles de 9 à 13 ans cherchent à obtenir une chirurgie afin d'atténuer des symptômes tels que le frottement, l'irritation et l'inconfort ressenti pendant la pratique d'activités sportives; au sein de ce groupe d'âge, le fait que la mère considère la physionomie génitale de sa fille comme étant anormale constitue la deuxième raison en importance motivant le recours à ce type de chirurgie. Les adolescentes de 14 à 17 ans se préoccupent principalement de leur propre apparence et s'inquiètent du fait que leurs partenaires sexuels pourraient les considérer comme étant anormales et peu séduisantes.
Dans le cas des adolescentes, outre le counseling et les considérations préopératoires habituelles, une attention particulière doit être portée à l'objectif visé de la chirurgie, au degré de la préoccupation anatomique en question et au niveau de maturité physique. Les coûts sociaux pour la patiente, la dynamique décisionnelle patiente-parent et l'attitude post-chirurgie de la patiente doivent également être pris en considération.
Compte tenu des modifications physiologiques et développementales qui se manifestent de façon normale (particulièrement au niveau de la vulve), la tenue d'interventions chez des filles de moins de 16 ans devrait habituellement être déconseillée, et ce, en vue de s'assurer que leur décision finale sera fondée sur le développement génital à maturité.
Les tribunaux canadiens ont rejeté la notion d'« âge de la majorité » pour définir l'âge auquel une personne est en mesure d'accorder son consentement. La
Common Law reconnaît le mineur mature comme étant une personne en mesure de comprendre la nature et les conséquences du traitement proposé. Lorsqu'une mineure est considérée comme étant « mature », le consentement parental n'est pas requis pour la tenue d'interventions de CEGF
10- Fistonic I.
- Findri-Gustek S.
- Fistonic N.
Minimally invasive laser procedure for early stages of stress urinary incontinence (SUI).
, .
Publicité
Même si un médecin publicise le fait qu'il offre des interventions de CEGF, cela ne veut pas nécessairement dire qu'il dispose des connaissances et des compétences chirurgicales requises à cette fin. L'absence de données sur l'efficacité et l'innocuité, conjointement avec les revenus que génère l'offre de telles interventions, créé inévitablement un certain degré de conflit d'intérêts. Le recours, par des gynécologues, à la publicité (dans les journaux, sur Internet ou par l'intermédiaire de tout autre médium) ou à l'affichage d'images représentant des organes génitaux externes pour annoncer le fait qu'ils offrent des interventions esthétiques (telles que la labioplastie et le « rajeunissement » vaginal) est susceptible de mener à de fausses interprétations, peut créer un besoin factice à l'égard de telles interventions chirurgicales, peut être extrêmement trompeur et devrait donc être considéré comme étant contraire à l'éthique.
Recommandation- 6.
Les termes non médicaux (y compris, entre autres, le rajeunissement vaginal, le resurfaçage clitoridien et l'augmentation du point G) devraient être reconnus comme n'étant que des termes de marketing, sans aucune origine médicale; ainsi, ils ne peuvent faire l'objet d'une évaluation scientifique. (III-L)
Mutilation génitale des femmes
La présente déclaration de principe ne traite pas particulièrement de la mutilation traditionnelle des organes génitaux féminins. Selon le groupe interinstitutions de l'ONU, « les mutilations sexuelles féminines désignent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques »
16- Organisation mondiale de la santé
Classification of female genital mutilation.
, 17- HCDH, OMS, ONUSIDA, PNUD, UNCEA UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF, UNIFEM
Éliminer les mutilations sexuelles féminines.
. L'ablation des petites lèvres est particulièrement classée comme étant une MGF de Type IIa par l'OMS
16- Organisation mondiale de la santé
Classification of female genital mutilation.
, 17- HCDH, OMS, ONUSIDA, PNUD, UNCEA UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF, UNIFEM
Éliminer les mutilations sexuelles féminines.
. Une déclaration de principe distincte de la SOGC traite de la MGF
18Excision génitale féminine/mutilation. Déclaration de principe de la SOGC, février 2012, n° 272.
.
Résumé
La qualité des données dont nous disposons à l'heure actuelle ne soutient pas les interventions de chirurgie esthétique génitale chez la femme; la prolifération des interventions chirurgicales qui visent les organes génitaux tout en n'étant pas indiquées sur le plan médical constitue une importante source de préoccupations. L'éducation et le counseling devraient être une priorité, et ce, afin de nous assurer que les femmes disposent de renseignements fiables au sujet des variations normales et des changements physiologiques que connaissent le vagin et la vulve au cours de la vie, ainsi qu'au sujet des possibles conséquences imprévues des interventions chirurgicales visant les organes génitaux. Le counseling devrait constituer une priorité avant la tenue de tout processus de consentement éclairé auprès de femmes demandant à subir une CEGF. Les chirurgiens qui procèdent à des interventions de CEGF devraient chercher à obtenir les connaissances et les compétences requises dans le cadre d'une formation adéquate, car celles-ci ne font pas partie des programmes de formation de niveau supérieur du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Compte tenu des données disponibles en ce qui concerne leur efficacité et leur innocuité, la SOGC ne peut soutenir la tenue des interventions de chirurgie esthétique génitale chez la femme qui ne sont pas indiquées sur le plan médical.
Références
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ACOG Committee Opinion No.378. Vaginal “rejuvenation” and cosmetic vaginal procedures.
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J Laser Health Acad. 2012; 1: 67-74- Pardo J.S.
- Solà V.D.
- Ricci P.A.
- Guiloff E.F.
- Freundlich O.K.
Colpoperineoplasty in women with a sensation of a wide vagina.
Acta Obstet Gynecol Scand. 2006; 85: 1125-1127Labiaplasty of the labia minora: patients's indications for pursuing surgery.
J Sex Med. 2008; 5: 1492-1495- Marchitelli C.E.
- Sluga M.C.
- Perrotta M.
- Testa R.
Initial experience in a vulvovaginal aesthetic surgery unit within a general gynecology department.
J Low Genit Tract Dis. 2010; 14: 295-300- Mirzabeigi M.N.
- Moore Jr., J.H.
- Mericli A.F.
- Bucciarelli P.
- Jandali S.
- Valerio I.L.
- et al.
Current trends in vaginal labioplasty. a survey of plastic surgeons.
Ann Plast Surg. 2012; 68: 125-134https://doi.org/10.1097/SAP.0b013e31820d6867Evans KG, Henderson GL. Le consentement : Guide à l'intention des médecins du Canada. 4e éd. Association canadienne de protection médicale. Disponible : http://www.cmpa-acpm.ca/cmpapd04/docs/resource_files/ml_guides/consent_guide/pdf/com_consent-fpdf. Consulté le 15 juillet 2013.
- Organisation mondiale de la santé
Classification of female genital mutilation.
OMS. 2008; () ()- HCDH, OMS, ONUSIDA, PNUD, UNCEA UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF, UNIFEM
Éliminer les mutilations sexuelles féminines.
Déclaration interinstitutions. 2008; () ()Excision génitale féminine/mutilation. Déclaration de principe de la SOGC, février 2012, n° 272.
J Obstet Gynaecol Can. 2012; 34: 197-200- Woolf S.H.
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- Logan A.G.
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- Canadian Task Force on Preventive Health Care
New grades for recommendations from the Canadian Task Force on Preventive Health Care.
CMAJ. 2003; 169: 207-208
Article info
Footnotes
Avis: La présente directive clinique est publiée officiellement dans le Journal d'obstétrique et gynécologie du Canada. Par conséquent, la date de parution pourrait ne pas correspondre à la date de publication originale. Aucune modification n'a été apportée au contenu.
La présente déclaration de principe a été rédigée par le comité de pratique clinique - gynécologie et le comité d’éthique, et approuvée par le comité exécutif et le Conseil de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Tous les membres de comité nous ont fait parvenir une déclaration de divulgation.
Les recherches documentaires et le soutien bibliographique nécessaires aux fins de la rédaction de la présente directive clinique ont été assurés par Mme Becky Skidmore, analyste de recherche médicale, Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Copyright
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